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"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

11.29.2005

Connaissez-vous le sens du mot anglais esquivalience?


Ne vous inquiétez pas, personne ne le connaît. Pour la simple et bonne raison que ce mot n'existe pas!

Il est en effet le dernier subterfuge du New Oxford American Dictionary (NOAD) afin de contrer les pirateurs de son célèbre dictionnaire. Le principe est simple, les rédacteurs de l'ouvrage insèrent un mot inventé, ainsi que sa définition (forcément) fausse. Si ce mot ressort dans une autre encyclopédie ou sur un site internet, les auteurs savent alors qu'il y a fraude. Dans le cas présent, le mot fut repris par le site Dictionary.com qui se targue d'utiliser le Webster New Millenium comme source d'informations. Un exemple qui en dit beaucoup sur le respect des droits d'auteurs dans le milieu, surtout que les exemples de faux mots dans les encyclopédies ne datent pas d'hier : déjà en 1975, le New Columbia Encyclopedia inventait de toutes pièces le nom et l'oeuvre d'une personne afin d'identifier d'éventuels malfaiteurs.

Cette tradition, vieille comme l'édition, est d'ailleurs reprise par divers types de publications. L'une des revues les plus connues au monde, le National Geographic, utilise une technique similaire avec ses cartes géographiques : il insère des éléments topographiques fictifs, comme un lac, afin d'identifier les copieurs. Si le lac imaginaire se retrouve sur une carte dans un autre magazine ou livre, il devient très facile de prouver la contrefaçon et d'obtenir compensation, en plus de décourager les futurs faussaires.

Des ouvrages comme le Who's Who utilisent aussi le même genre de technique.

Afin d'avoir le droit de consulter et d'utiliser les informations contenues dans le célèbre bottin des gens « importants », il faut payer une cotisation, s'abonner. En insérant quelques personnalités réelles mais avec des adresses qui appartiennent en fait à Who's Who (l'adresse du rédacteur en chef, par exemple), les éditeurs peuvent ainsi retracer les gens qui utilisent les renseignements du guide sans payer leur dû. Par exemple : le rédacteur qui reçoit une documentation d'une société vérifiera si cette compagnie fait effectivement partie de la liste des abonnés. Dans le cas contraire, Who's Who aura toutes les cartes en main pour intenter un procès.

Comme on peut le constater, les éditeurs ne sont pas à court d'idées lorsqu'il s'agit de protéger leurs publications, quitte, parfois, à livrer des informations erronées. Mais bon, si ça fonctionne.

En passant, aux dernières vérifications, esquivalience n'apparaît plus sur le site Dictionary.com, comme quoi!


--- Marc-Olivier Desbiens


 
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