Livre à signaler: Parlez-vous boro?
Parlez-vous boro? Voyage aux pays des langues menacées
Mark Abley
Les Éditions du Boréal, Montréal, 2005,
385 p.
Des quelque 6000 langues parlées sur la planète, une forte majorité est appelée à disparaître. Passeport en poche et calepin en main, Mark Abley s’est rendu aux quatre coins du monde pour nous rapporter des histoires qui nous rappellent chacune à leur façon la beauté et l’importance de la diversité des langues. Lorsque s’éteint une langue, c’est tout un peuple qui perd son identité profonde, une partie de sa culture et une façon d’appréhender le monde qui l’entoure.
Au fil des pages, on se voit confronté à l’impossibilité de conserver le yuchi, la langue du peuple autochtone du même nom établi dans le nord-est de l’Oklahoma, à la survie précaire du yiddish à Montréal, et au regain de popularité du gallois, langue florissante au pays de Galles. Mark Abley nous emmène aussi sur les traces de Humboldt, un explorateur qui fera la découverte du dernier locuteur de la langue des Aturès au Vénézuela… un perroquet!
Parlez-vous boro? est donc plus qu’un simple constat de la situation qui prévaut dans le monde quant à la survie des langues, mais aussi un récit de voyage passionnant. « Je ne voulais pas faire un livre trop académique », affirme l’auteur montréalais d’origine anglaise, « je tenais à personnaliser les défis reliés à la conservation des langues en racontant des histoires. »
Il a fallu à Mark Abley beaucoup de temps pour dénicher chacune de ces histoires. Son intérêt pour les langues fragiles est né d’un reportage sur les langues autochtones qu’il a publié en 1993. « J’ai voulu approfondir le sujet, mais je ne me sentais pas la prétention d’écrire un livre sur une question que j’aurais observée uniquement de l’extérieur, avec des yeux de Blanc. J’ai donc élargi mon champ de recherche à la planète entière », s’exclame l’auteur.
Le sujet est vaste, et s’il aurait aimé étudier d’avantage les langues sud-américaines ou africaines, l’ancien journaliste de la Gazette a été limité par son budget de recherche. De nombreuses rencontres avec des linguistes lui ont aussi permis de cibler les langues les plus pertinentes à intégrer dans son livre. « Les langues minoritaires ou en voie de disparition sont si nombreuses, que j’ai dû sélectionner celles dont je traiterais en fonction de la faisabilité du voyage, et de l’information qui existait déjà sur elles. »
Hormis la recherche cumulée au fil de sa carrière de journaliste pigiste, Mark Abley a pu compter sur 18 mois de congé sabbatique pour se rendre aux Etats-Unis, en Provence, au pays de Galles, à l’île de Man et en Australie pour ne nommer que ces destinations, et peaufiner son ouvrage.
Mark Abley entend poursuivre sa recherche dans un prochain recueil qui traitera des changements et de l’avenir des langues, particulièrement de l’anglais, mais aussi du Russe et du Français.
Ariane Paré-Le Gal
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