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"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

5.29.2007

Les cahiers livres, du moins ce qu’il en reste...


En fin de semaine prochaine, lorsque, café à la main, vous feuilletterez votre quotidien préféré, portez une attention particulière à la section « livres » ou aux quelques pages de critiques littéraires, ou plutôt… à ce qu’il en reste. Depuis une dizaine d’années en Amérique du Nord, les cahiers lectures des journaux ont vu leur contenu diminué de moitié. Régime forcé ou manque d’appétit de la part des lecteurs ?

Chez nos voisins du Sud, le cri d'alarme a été lancé en 2002 par Stephen Fried ex-éditeur du Philadelphia Magazine. Suite à cette remarque, des éditeurs de journaux ont répliqué en disant que la sec
tion lecture n’était pas une priorité pour les lecteurs. Ainsi, cette section était l'endroit idéal où réduire les dépenses sans déplaire à la majorité. Pourtant, l’intérêt pour les livres est toujours vivant, puisque des magazines spécialisés comme Book et des revues littéraires sur Internet ne cessent de prendre de l’ampleur. Selon plusieurs, les propriétaires font fausse route en s’attaquant à la littérature, croyant faire des économies. D’autres observateurs appuient l’hypothèse de la pub. Ce cahier n’attirerait pas assez de publicités pour s’auto-subventionner et cela engendrerait des pertes pour les propriétaires.

En avril dernier, la réduction de l’espace consacré aux livres dans les journaux est redevenue un sujet d’actualité lorsque Scott McLemee (photo ci-contre), membre du National Book Critics Circle (NBCC), publie, dans sa colonne « Intellectual Affair » du Inside Higher Ed, une lettre pour alerter le public. Il dénonce les coupures draconiennes et généralisées qui touchent même les journaux où le public cible est très intéressé par les livres. Par exemple, plusieurs lecteurs du San Francisco Chronicle ont montré leur déception face aux coupures. Le journal a alors freiné la baisse, mais n’a pas rétabli l’ancien espace alloué aux critiques littéraires. McLemee ajoute que le personnel attaché à cette section a également été réduit dans la plupart de journaux.

La sous-estimation de l’importance de la section lectures engendre beaucoup de conséquences négatives. Howard Zinn, auteur et historien, en entrevue pour le San Antonio Current, explique que la baisse des critiques littéraires fait entrave à la responsabilité des journaux envers l’éducation du public. Les gens sont alors forcés de trouver eux-mêmes leurs sources d’informations relativement aux nouveautés littéraires et ce n’est pas tout le monde qui possède un accès à Internet. Selon Zinn, les livres sont les dernières sources d’informations où il n’y a pas encore de monopole et où la liberté d’expression est la plus grande. Il ne faut pas négliger les impacts sur les nouveaux auteurs ; sans cette fenêtre il est de plus en plus difficile de percer. Il y a donc un effet direct sur la vie culturelle et la démocratie.

Au Québec, selon certains observateurs la situation semble aller dans le même sens. On remarque que le cahier « Lectures » de La Presse est maintenant intégré dans le cahier « Arts » du dimanche. Il est difficile, dans un si petit marché, d’écrire sur beaucoup de livres de différents types en étant gagnant économiquement pour les propriétaires. Les médias visuels et Internet occupent beaucoup de place. Pourtant, selon un récent article de La Presse, les Québécois déboursent plus en ce qui concerne l’écrit (journaux, magazines, livres) que pour le cinéma.

Quoi faire pour vaincre ce fléau ? Jetez un coup d’œil à l’article de Scott McLemee qui propose quelques initiatives.


Anne-Geneviève Auger

 
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