Le Kiosque Média

"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

10.09.2005

Ignacio Ramonet et la podosuccion


Ignacio Ramonet est le directeur du Monde Diplomatique. Son style suffisant et pompeux nous donne souvent l'impression qu'il appartient à une race supérieure, mais qu'il est quand même assez gentil pour laisser choir quelques bribes de ses profondes réflexions. Or, Ignacio est aussi un virtuose de la podosuccion. Deux extraits à ce sujet, l'un provenant du magazine Le Couac, l'autre d'un livre écrit par Serge Raffi, journaliste de Libération.

El Amigo Hugo

(...)
Il est arrivé vers 18 h et les discours d'accueil ont commencé. Celui qui précédait le grand homme et qui avait la lourde tâche de le présenter n'était nul autre qu'Ignacio Ramonet, le rédacteur en chef du très chic Monde Diplomatique. On ne connaissait pas Ignacio si dégoulinant de complaisance. Suivant les dires du journaliste, Chavez est un nouveau type de dirigeant politique en Amérique du Sud. C'est un démocrate, un homme courageux qui tient ses promesses, un socialiste, un martyr des médias vénézueliens, il représente le changement véritable pour le peuple, etc. (...)

Par Simon Tremblay-Pepin
Le Couac, mars 2005, p.8
Spécial Porto alegre


« Il (Castro) sait aussi se montrer charmant avec les journalistes « sains », ceux qui ne nourrissent pas de mauvaises pensées contre lui. Sa dernière toquade est encore un Français : Ignacio Ramonet, militant antimondialiste, un des dirigeants de l'organisation Attac, est à la tête d'un organe de presse qui présente un grand intérêt pour Castro ; Le Monde diplomatique est le journal de référence des intellectuels de gauche en Amérique latine. ( )

À l'époque, le Comandante cherche à redorer son image dans les pays latino-américians. Pour cela, il est prêt à tout. En février 2003, à l'occasion du Salon du livre de La Havane, il invite Ignacio Ramonet pour assurer la promotion de son livre
Propagandes silencieuses (Gallimard 2002). À la suite d'un entretien avec le journaliste, enthousiasmé par son ouvrage, Fidel décide de jouer lui-même les attachés de presse. Sur un coup de tête, il réquisitionne l'imprimerie du journal Juventud Rebelde, utilise le papier normalement destiné au magazine, et publie intégralement le livre de son « nouvel ami » à 5000 exemplaires. Il réquisitionne le théâtre Karl-Marx, invite les Jeunesses communistes, les cadres du Parti et les contingents antimoustiques à venir débattre avec le nouveau « génie français ». (…)
Il est littéralement happé par l'ouragan Castro qui l'instrumentalise à merveille. Dans l'enceinte du théâtre Karl-Marx, le directeur du
Monde diplomatique est ému aux larmes. (…) Le journaliste, illuminé, se lance dans une longue et judicieuse tirade sur la tyrannie médiatique des « networks américains. (…) Il parle d'une guerre sourde, insidieuse, machiavélique, qui dévore les consciences occidentales. (…) De nombreux journalistes européens présents dans la salle sont abasourdis par cette scène d'une autre époque.
Fidel Castro a bien manoeuvré : le
Monde diplomatique lui est désormais acquis.

Castro l'infidèle,
Serge Raffi
Éditeur : Fayard (2003)
Format : Broché - 672 pages
ISBN : 2213612579


localisation:
UQAM
centrale monographique
F1788.22C3.R34.2003
 
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