Le Kiosque Média

"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

6.24.2006

La différence entre un blog et un article


Certains blogues de journalistes ont de l'avenir; le style est moins empesé qu
e celui des journaux, les opinions sont tranchées au couteau etc. VOICI DEUX TEXTES SUR LE MÊME SUJET qui permettent de saisir rapidement la différence entre un blog et un article.

Le premier a été publié dans la Presse par Jooneed Khan, le deuxième dans le blog du journaliste Alain Hertoghe.


PÉROU La victoire minée d'Alan Garcia
La Presse
Monde, mardi 6 juin 2006, p. A24


Jooneed Khan


Victoire de George W. Bush et défaite de Hugo Chavez? Le sens national du vote des Péruviens, qui ont préféré Alan Garcia à Ollanta Humala comme président, dimanche, était noyé hier sous l'angle continental privilégié par la plupart des médias.

Garcia les a aidés: " Le pays a adressé un message de souveraineté et d'indépendance, et fait échec aux efforts de Hugo Chavez de nous intégrer à sa stratégie expansionniste ", a-t-il déclaré, se proclamant victorieux du deuxième tour dimanche soir.


Après dépouillement de 91 % des suffrages, Garcia, 57 ans, comptait un million de voix et sept points d'avance sur Humala, 43 ans, avec 53,53 % des voix contre 46,47 %.

Plusieurs médias notent que Garcia, au sommet de sa démagogie populiste, a exploité le soutien du président du Venezuela à son rival pour galvaniser les Péruviens et présenter Humala comme une marionnette de Chavez.

Il en avait bien besoin. Sa première présidence, de 1985 à 1990, avait laissé de pénibles souvenirs: deux millions pour cent (2 000 000 %) d'inflatio
n, compression de 20 % de l'économie, hausse de 41,6 à 55 % de la population vivant dans la pauvreté, une devise sans valeur.

Fuite et retour

Les milieux d'affaires se souviennent, eux, de sa décision de limiter à 10 % de ses revenus d'exportation le remboursement de la dette extérieure du Pérou. La guérilla du Sentier lumineux profita du mécontentement généralisé, faisant le lit pour le régime autoritaire et néolibéral d'Alberto Fujimori de 1990 à 2000.

Recherché par la police en 1992, Garcia s'enfuit par les toits de sa maison pour
gagner l'ambassade de Colombie. Il s'installa en France, où il avait effectué une partie de ses études, complétées à Madrid, pour devenir avocat.

Après la chute de Fujimori, Garcia essuya une cinglante défaite en 2001 contre Alejandro Toledo. Et au premier tour de 2006, en avril, il n'avait eu que 24,33 % des voix, 0,5 % de plus que Lourdes Flores, candidate de la droite- alors que Humala avait terminé en tête avec 30,6 % des suffrages.

C'est en adversaire de Hugo Chavez qu'il fit campagne au deuxième tour. Le secrétaire d'État adjoint des États-Unis, Robert Zoellick, a salué hier son élection comme la " meilleure réponse " à l'ingérence du chef d'État vénézuélien. " Le peuple péruvien a décidé de voter contre le candidat de Chavez ", a dit Zoellick, à la réunion de l'OEA à Saint-Domingue.

" La victoire d'Alan Garcia au Pérou suit celle d'Alvaro Uribe en Colombie ", note El Comercio, de Bogota, parlant d'un" mur anti-Chavez ". El Universal de Caracas parle d'un " nou
veau leadership " anti-Chavez en Amérique latine. " Le virage à gauche n'est pas une fatalité en Amérique latine ", affirme le Daily Telegraph, de Londres.

Lecture contestée

Cette lecture est contestée. La Jornada, de Mexico, appelle Alan Garcia un " néolibéral de gauche ", et Ollanta Humala quelqu'un qui veut " la transformation sociale". Il range Garcia avec Lula da Silva, du Brésil, et Nestor Kirchner, d'Argentine, et aligne Humala avec Hugo Chavez, et Evo Morales, du Venezuela. Le site Web bolivien Bolpress souligne que Humala a gagné. " Aux législatives d'avril, son Union pour le Pérou a remporté 45 des 120 sièges du Congrès, et l'APRA de Garcia n'en a que 36 ", note-t-il, ajoutant: " Il mène un bloc nationaliste, antilibre-échange et déci
dé de mettre les ressources du pays au service des pauvres. "

Pour Hugo Neira, historien péruvien, " Ollanta garde sa présence au Congrès et dans la rue ". " Et s'il gagne les prochaines municipales, il assiègera Garcia, et Garcia tombera, comme Sanchez de Lozada, en Bolivie. Ollanta le sait. " Alan aussi, sans doute. En attendant les élections à venir cette année, au Mexique, au Brésil, en Équateur, au Nicaragua, et au Venezuela.

*Avec AFP AP Reuters WPost Bloomberg BBC Jornada Bolpress Universal Comercio Cronica Platina










Alan Gabriel García Pérez



lundi 05 juin 2006

La solitude du caudillo

Alain Hertoghe

Hugo Chavez, l'ami du dictateur Castro et du terroriste Carlos, doit se sentir soudain bien isolé, après l'élection d'Alan Garcia à la présidence du Pérou qui succède à la réélection d'Alvaro Uribe à la tête de la Colombie.

Le gourou révolutionnaire de Caracas avait pourtant mis dans la balance péruvienne toute sa supposée popularité auprès des peuples latino-américains. Je demande à Dieu que ne soit pas président du Pérou l'irresponsable, le démagogue, le menteur et le voleur qu'est Alan Garcia, avait lancé, le 28 mai dernier, Hugo Chavez, dans son intervention télévisée hebdomadaire Alo Presidente. Mais, pas plus que les Colombiens, les Péruviens ne l'ont écouté... Ces derniers ont même sans doute plus voté contre Ollanta Humala, le candidat de l'agité du Venezuela, que pour le Come-Back Kid de Lima.

Alan Garcia, président du Pérou une première fois entre 1985 et 1990, n'a en effet pas laissé un souvenir idyllique à ses compatriotes qu'il mena au bord de la faillite économique et de la guerre civile...

Les nostalgiques des fièvres révolutionnaires catristes et guévaristes peuvent toujours peindre le ciel latino-américain en rouge vif, son bleu naturel n'affiche que des tonalités roses sociale-démocrates, voire même sociale-libérales. De Lula au Brésil à Garcia au Pérou, en passant par Bachelet au Chili, Kirchner en Argentine, Vazquez en Uruguay et Arias au Costa Rica, les présidents de gauche récemment élus croient tous dans l'économie de marché et le libre-échange.

Il n'y a guère que le Bolivien Evo Morales pour accrocher son wagon à la révolution bolivarienne et prêter allégeance, avec Chavez, au vieux despote de La Havane. Ils seront peut-être rejoints par un autre idéologue has been, le sandiniste Daniel Ortega, si celui-ci réussissait à l'automne prochain à reprendre la présidence de son pays, le Nicaragua, perdue en 1990.

Mais tout le pétrole du Venezuela ne pourra transformer le pittoresque attelage formé avec un îlot communiste exsangue - Cuba - et deux des pays les plus pauvres du continent - la Bolivie et le Nicaragua - en locomotive pour l'Amérique latine du XXème siècle.

 
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