Getting Better : Inside Alcoholics Anonymous
Il y a quelques mois, nous avions été soufflés par l'insignifiance d'un livre du sociologue A.J. Suissa
(cliquez ici). On pouvait y lire des nouilleries comme : « Combien de fois n'a-t-on pas vu la dépendance à l'alcool se transformer en une dépendance aux réunions des AA, l'alcoolique ne pouvant plus se passer des rencontres, parfois durant de nombreuses années? »
Le gros bon sens aurait quand même dû lui révéler la différence entre un alcoolique qui a besoin d'une forte dose d'alcool à tous les jours (grosso modo) avec toutes les conséquences que ça entraîne et l'ex-alco qui va, s'il le veut, à des réunions. La conjointe du gars, ses enfants, sa famille, ses amis, ses collègues, les policiers, les ambulanciers pourraient expliquer la différence à notre universitaire s'il arrêtait de squatter sa tour d'ivoire et de pondre des notes de bas de page.
Le désopilant logue jouait quand même sur du velours. Il ne risquait pas d'être contredit ni par le mouvement AA qui ne s'engage jamais – au sens de 'jamais' – dans la controverse, encore moins par un alcoolique AA pour une tonne de raisons dont l'anonymat.
Par ailleurs, que doit lire celui qui veut s'informer sur le mouvement?
Plusieurs membres ont raconté leur descente aux enfers mais insistent très peu sur le mouvement des AA; à l'intérieur même des salles de réunion, on trouve toute une série de documents qui expliquent les étapes, les traditions, et l'histoire des AA, s'agit de se rendre sur place pour obtenir une vue de l'intérieur du mouvement. Quant aux journalistes qui ont écrit sur le sujet, ils n'ont pu que livrer une impression de l'extérieur. Un livre, un seul, combine l'expérience du membre des AA et celle du journaliste.
Quelques millions d'alcooliques à travers le monde se réunissent à tous les jours pour s'aider les uns les autres afin d'éviter le premier verre. Ce sont les Alcooliques Anonymes. Nan Robertson, une journaliste réputée (prix Pulitzer en 1993) a fréquenté ces salles de réunion. Non pas en tant que journaliste, mais comme alcoolique en rétablissement. Dans son livre Getting Better: Inside Alcoholics Anonymous (1988), elle franchit à la fois la barrière de l'objectivité journalistique, en étant elle-même partie prenante de son sujet, et celle de l'anonymat, en révélant son appartenance au mouvement AA, qui fait de l'anonymat « la base spirituelle du mouvement ». Deux transgressions qui étaient nécessaires pour mettre en lumière un mouvement méconnu et souvent étiqueté à tort de secte religieuse.
Le mouvement des Alcooliques Anonymes est né en 1935 dans une petite ville américaine alors que Bill Wilson, tentant de rester sobre après un échec en affaire, a fait la rencontre du docteur Bob Smith, lui aussi buveur incorrigible. C'est cette histoire, ces tenants et ces aboutissants, que nous raconte Robertson, sous une plume visiblement reconnaissante mais rigoureusement journalistique. On apprend à la lecture de Getting Better: Inside Alcoholics Anonymous l'histoire détaillée des AA, son organisation, sa philosophie (anonymat, « Dieu », etc.) , les controverses qui l'entourent, les autres associations qui s'en sont inspirées ainsi que l'histoire personnelle de Nan Robertson. Bref, c'est l'ouvrage de référence pour comprendre à la fois l'alcoolique et le mouvement AA.
Judith Lussier et l'équipe du Kiosque
1 Comments:
At 26 novembre, 2006 22:46, Pat Caza said…
aussi niaiseux que ça puisse paraitre y'a Lawrence Block le romancier US qui se sert d'un de ses personnages principaux pour lever le rideau sur ce mouvement et ce faisant n'en fait aucunement la promo et c'est ce qui crédibilise tout son ancien cop alcoholo Matthew Scudder.
http://www.lawrenceblock.com
en plus d'être d'excellents polars...
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