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"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

11.14.2006

Le rapport Khrouchtchev




Jusqu' à sa clôture, le 24 février 1956, le XXe congrès du Parti communiste de l’URSS s'est déroulé sans grands émois. Staline était encore vu, trois ans après sa mort, comme LA figure symbolique de la pureté du pouvoir révolutionnaire. Aucun des 1436 délégués réunis n'aurait pu prévoir le coup de tonnerre qui se préparait à leur insu.

À la fin des dix jours du congrès, les délégués sont convoqués à une séance de nuit imprévue, se tenant à huis clos. Durant plus de quatre heures, ils vont écouter, ébahis, Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Parti, lire son rapport secret.

Se positionnant en digne héritier de Lénine, Krouchtchev lit d'abord le Testament du fondateur du Parti qui lançait un avertissement contre le caractère brutal de Staline. Il dénonce ensuite les grandes purges qui ont amorcé le déclin du Parti à partir de 1934, les arrestations d'honnêtes communistes qui ont été victimes de torture pour des motifs dérisoires, parfois même inexistants, et qui ont été jugés lors de procès fabriqués avant d'être exécutés ou déportés. Puis, pour détruire le mythe du chef de guerre ayant permis la victoire de l'armée soviétique, il expose ses hésitations, son incompétence, sa responsabilité dans l'effondrement militaire de 1941. À cela s'ajoutent les déportations massives des peuples du Caucase - Tchétchènes, Ingouches, Balkars, Karatchaïs - qu'il a ordonnées sous un faux prétexte de collaboration avec l'occupation nazie. Le rapport explique enfin de quelle manière Staline a instauré et alimenté un culte obligatoire autour de sa propre personne, fer de lance de l'État totalitaire qu'il a fondé.

Le texte de ce rapport, dénonçant la politique générale de Staline et dressant un bilan des atrocités de son régime, n'était destiné qu'aux seuls membres du Parti. Mais les Américains en ont rapidement pris connaissance et le New York Times l'a publié in extenso. Il a provoqué une véritable commotion chez les communistes de l'Ouest.

Julie Gravel

Liens :

Perspective Monde
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=5


L'Humanité
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-02-24/2006-02-24-824837


Le Courrier

http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=ar ticle&sid=41007

Pour connaître les réacti
ons des communistes d’ici lorsqu’ils ont appris l’existence du rapport, il faut lire l’excellent ouvrage de Merrily Weisbord The Strangest Dream : Canadian Communists, the Spy Trials, and the Cold War (Lester & Orpen Dennys, Toronto, 1983).

 
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