Le rapport Khrouchtchev
À la fin des dix jours du congrès, les délégués sont convoqués à une séance de nuit imprévue, se tenant à huis clos. Durant plus de quatre heures, ils vont écouter, ébahis, Nikita Khrouchtchev, Premier secrétaire du Parti, lire son rapport secret.
Se positionnant en digne héritier de Lénine, Krouchtchev lit d'abord le Testament du fondateur du Parti qui lançait un avertissement contre le caractère brutal de Staline. Il dénonce ensuite les grandes purges qui ont amorcé le déclin du Parti à partir de 1934, les arrestations d'honnêtes communistes qui ont été victimes de torture pour des motifs dérisoires, parfois même inexistants, et qui ont été jugés lors de procès fabriqués avant d'être exécutés ou déportés. Puis, pour détruire le mythe du chef de guerre ayant permis la victoire de l'armée soviétique, il expose ses hésitations, son incompétence, sa responsabilité dans l'effondrement militaire de 1941. À cela s'ajoutent les déportations massives des peuples du Caucase - Tchétchènes, Ingouches, Balkars, Karatchaïs - qu'il a ordonnées sous un faux prétexte de collaboration avec l'occupation nazie. Le rapport explique enfin de quelle manière Staline a instauré et alimenté un culte obligatoire autour de sa propre personne, fer de lance de l'État totalitaire qu'il a fondé.
Le texte de ce rapport, dénonçant la politique générale de Staline et dressant un bilan des atrocités de son régime, n'était destiné qu'aux seuls membres du Parti. Mais les Américains en ont rapidement pris connaissance et le New York Times l'a publié in extenso. Il a provoqué une véritable commotion chez les communistes de l'Ouest.
Julie Gravel
Liens :
Perspective Monde
http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=5
L'Humanité
http://www.humanite.presse.fr/journal/2006-02-24/2006-02-24-824837
Le Courrier
http://www.lecourrier.ch/modules.php?op=modload&name=NewsPaper&file=ar ticle&sid=41007
Pour connaître les réactions des communistes d’ici lorsqu’ils ont appris l’existence du rapport, il faut lire l’excellent ouvrage de Merrily Weisbord The Strangest Dream : Canadian Communists, the Spy Trials, and the Cold War (Lester & Orpen Dennys, Toronto, 1983).
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