Le prix de l’esquive
Dans la catégorie « Conflit de travail », il fallait éviter de répondre aux questions suivantes :
- Combien gagnent-ils ?
- Combien veulent-ils gagner ?
- Combien les patrons offrent-ils ?
Pour des raisons évidentes, le texte d’André Beauvais La semaine de deux jours, paru dans le Journal de Montréal le 4 octobre 2007, a été disqualifié. En voici un extrait :
« Salaires payés à Montréal :
- Débutant : 35 536 $ - 51 786 $*
- Pompier après quatre ans : 61 802 $ - 92 105 $*
- Lieutenant après quatre ans : 67 983 $ - 101 286 $*
- Capitaine après quatre ans : 74 163 $ - 110 462 $*
* total avec avantages sociaux »
En nomination :
« Depuis le début des négociations, la question salariale est celle qui pose le plus de problèmes. Les employés d’entretien demandent des augmentations salariales de 2% par année, pour un contrat de trois ans. La STM, pour sa part, propose de geler les salaires la première année et offre 2% pour les quatre années suivantes, pour un contrat qui lierait les parties jusqu’en 2012. » (La grève est déclenchée à la STM, Alexandre Shields, Le Devoir, 22 mai 2007)
« Montréal propose aux syndicats un gel salarial en 2007 et des augmentations de 2% pour 2008, 2009, 2010.» (Des casernes de pompiers sabotées, Sébastien Rodrigue, La Presse, 2 octobre 2007)
« Les négociations achoppent notamment sur les modifications des horaires de travail, l’indexation des régimes de retraite et les questions salariales. Montréal propose aux syndicats un gel salarial en 2007 et des augmentations de 2 % pour 2008, 2009 et 2010. » (La tension monte entre Montréal et ses pompiers, Sébastien Rodrigue, La Presse, 4 octobre 2007)
« La STM propose un gel des salaires pour 2007 et des augmentations de 2% pour les quatre années suivantes. Le syndicat désire 4% par année dès 2007. » (Mandat de grève à la STM, Hugo Fontaine avec la collaboration de Martin Croteau et André Duchesne, La Presse, 14 novembre 2007)
« Les principaux points en litige sont la question salariale et la durée de la convention. Les employés souhaitent signer un contrat de trois ans, assorti d'augmentations salariales de 5% par année. La direction offre plutôt une convention collective de cinq ans, incluant un gel salarial pour 2007 et des augmentations annuelles de 2% pour les quatre années suivantes. » (STM: mandat de grève des chauffeurs, Alexandre Shields, Le Devoir, 14 novembre 2007)
Les gagnants sont :
Hugo Fontaine, Martin Croteau et André Duchesne, co-auteurs de l’article Mandat de grève à la STM (La Presse, 14 novembre 2007).
Voici le texte intégral :
Mandat de grève à la STM
Les chauffeurs d'autobus et les opérateurs de métro de la Société de transport de Montréal (STM) ont donné un nouvel outil de négociation à leur syndicat hier en votant à 97% en faveur d'un mandat de grève à exercer au moment voulu.
Le contrat de travail des syndiqués est échu depuis janvier dernier, et ils ne s'entendent pas avec la partie patronale sur les clauses salariales. La STM propose un gel des salaires pour 2007 et des augmentations de 2% pour les quatre années suivantes. Le syndicat désire 4% par année dès 2007. Les négociations durent depuis mars 2006, mais le syndicat a quitté la table mercredi dernier.
«Nos membres sont déçus des offres de la STM, dit le président du Syndicat des chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro et services connexes, Claude Benoit. Nous avons été raisonnables, maintenant c'est à la STM de le faire.»
Contestation
Interrogé sur ce dossier avant que les résultats du vote ne soient connus, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a invité le syndicat à revenir à la table de négociations. Mais il a tout de suite mis les choses au clair: «Vous n'aurez pas plus d'argent parce que vous avez le droit de faire la grève», a-t-il affirmé.
Claude Benoit trouve que le maire tient un bien curieux discours. «Le maire parle de doter Montréal d'un tramway à 65 millions le kilomètre alors qu'il y a des solutions beaucoup moins chères, lance-t-il. Je crois que, comme le maire Drapeau, il veut avoir sa légende à la Ville de Montréal.»
M. Benoit dénonce aussi l'attitude de la STM, qui conteste devant le Conseil des services essentiels les moyens de pression «administratifs» du syndicat. «Ces moyens ne touchent pas la clientèle», soutient-il. Il donne en exemple le fait de laisser les autobus à l'extérieur des garages plutôt qu'à l'intérieur.
En point de presse, Claude Benoit a dit qu'il ne voyait pas pourquoi le gouvernement Charest enlèverait aux syndiqués le droit de grève comme il l'a fait par une loi spéciale aux employés d'entretien en mai dernier. «On donne le service prévu par la Loi des services essentiels. On ne pénalise pas la population», a-t-il déclaré.
Claude Benoit veut néanmoins rassurer la population. «Notre objectif n'est pas de faire la grève, mais de faire réfléchir la STM.»
Comme l’avait déjà souligné un des nominés, Sébastien Rodrigue, journaliste responsable des affaires municipales à La Presse, dans un texte remarquable intitulé L’importance de savoir communiquer avec la population, « nous n’avons accès qu’à 5 % de l’information […] il faut donc beaucoup de persévérance pour obtenir ce que nous voulons ».
Évidemment, le pourcentage baisse encore plus quand on ne demande rien.