Mission canadienne en Afghanistan
«Si les Québécois sont en majorité contre la mission canadienne en Afghanistan, c'est qu'ils sont mal informés », martèle depuis quelques jours la ministre de la Coopération internationale, Josée Verner.
(Le vernis à ongles des Afghanes, La Presse, 18 juillet 2007)
Nous avons pris la ministre au mot. Tant pis pour elle ! Pour mettre toutes les chances de son côté, nous avons cherché de l’information dans Alternatives, une revue subventionnée à tour de bras par une des tentacules de son propre ministère. Quelques extraits :
Le Canada en guerre : pourquoi et pour qui ?
Francis DUPUIS-DERI – 2 mars 2007
En clair, l’armée canadienne participe à une vaste boucherie. Dans quel but ? La démocratie que l’on prétendait instaurer en Afghanistan ? Les élections ont donné le pouvoir à des chefs de guerre souvent associés au trafic de la drogue ou à des crimes de guerre. Or, « nos » soldats protègent ces brutes sanguinaires. Les femmes, qu’on disait vouloir y libérer ? Elles vivent encore aujourd’hui sous la loi de la charia (sur la situation des femmes, voir le site de féministes afghanes : www.rawa.org). Sous le règne du souriant président Karzaï, la burqa reste de mise et aucune femme ou presque ne travaille hors de chez elle. Plusieurs croupissent dans des prisons pour avoir simplement quitté le domicile conjugal. Quant aux coupables d’adultère, elles sont encore passibles de lapidation, mais « avec des pierres plus petites », selon un juge afghan. Or, le Canada participe à la formation des policiers afghans qui arrêtent ces femmes, et subventionne ce système judiciaire qui les condamne à la prison ou à la mort.
La politique du chaos
Michel WARSCHAWSKI – 2 mars 2007
Avec pour objectif d’imposer le pouvoir de leur Empire et les règles du capitalisme sauvage au niveau planétaire, les États-Unis ont lancé depuis près de deux décennies une guerre globale contre les peuples. De l’Afghanistan à la Somalie, les interventions militaires se sont multipliées au cours des années, qu’elles prennent la forme de frappes aériennes ou d’une véritable invasion par les forces armées des États-Unis, par des coalitions militaires internationales (Afghanistan) ou encore par le biais de forces militaires alliées (Israël, Éthiopie).
Des guerres de conquête de l’empire étasunien et de ses alliés
Alternatives, 12 février 2007
Le Collectif Échec à la guerre et l’Alliance canadienne pour la paix rejettent le discours mensonger de la " guerre contre le terrorisme " et du soi-disant soutien aux peuples irakien et afghan pour la démocratie et la reconstruction de leurs pays. Sous la direction du gouvernement des États-Unis et avec l’appui des élites économiques et politiques du Canada, il s’agit plutôt d’opérations de mainmise étrangère en vue d’obtenir, par la force, le contrôle des ressources du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Il ne s’agit pas de reconstruction, comme en témoignent les résultats décrits précédemment, mais aussi les dépenses engagées par nos pays. Alors qu’il annonçait un programme de soutien à l’emploi d’un milliard de dollars en Irak, le 10 janvier 2007, le président Bush s’apprête par ailleurs à demander 100 milliards pour poursuivre les guerres en Irak et en Afghanistan !
La politique étrangère du Canada : dérives à l’américaine
Maria-Luisa Monreal – 3 juillet 2006
Le gouvernement Harper a aussi opté pour le renforcement et la prolongation de l’intervention militaire canadienne en Afghanistan. Il faut se rappeler que c’est le précédent gouvernement qui avait engagé les Forces armées canadiennes dans l’attaque lancée par les États-Unis contre l’Afghanistan, dans le cadre de la « guerre au terrorisme ». La décision du nouveau gouvernement confirme la fin d’une longue et honorable séquence de participation à des missions de paix. Pourtant, le peuple québécois, ainsi que la population canadienne dans son ensemble, ont clairement exprimé leur rejet du militarisme de toute guerre offensive en refusant que le Canada prenne part à l’invasion de l’Irak et en s’exprimant contre une participation au bouclier antimissile des États-Unis.
Le défi afghan
Pierre BEAUDET – 3 juillet 2006
En retournant vers le multilatéralisme, le Canada devrait remettre l’ONU au centre de la crise et de sa résolution. Mais il y a aussi un autre défi. La reconstruction de l’Afghanistan ne passe pas par les petites recettes de la Banque mondiale. Il faut aider à remettre en place un État, ce qui demande du temps, de l’argent et de la détermination. Et plus fondamentalement, cela exige de travailler avec des forces qui se battent réellement pour un projet démocratique, et non avec ceux qui sont simplement « les ennemis de nos ennemis ». Les démocrates afghans et afghanes existent par milliers.
Afghanistan is not our war, Mr. Prime Minister.
John CHUCKMAN – 31 March 2006
The argument is all the more powerful when war is the behavior of a minority government. Your government represents the will of less than forty percent of Canadians. How can you believe then that your views on the war should be the views of most Canadians? Through polls and every other indication of public opinion, the majority of the Canadian people have made it clear they do not support America’s wars in the Middle East. The Canadian general in charge of operations in Afghanistan has made public statements that are shameful to Canada’s reputation in the world. Stuff about going over to do some killing. He sounds like an American wannabe raised on Rambo movies.
Les errements de la politique canadienne en Afghanistan
Pierre BEAUDET – 19 janvier 2006
Les soldats canadiens déployés sur le terrain, comme leurs collègues néerlandais, allemands, turcs, font ce qu’ils peuvent et veulent sans doute sauver des vies. Mais leur mission est impossible dans le présent contexte. Les États-Unis qui ont créé les conditions du chaos actuel sont trop contents de voir d’autres s’enliser dans une guerre qui risque d’être sans fin. Le gouvernement canadien a répondu à ces critiques en disant que le Canada ne pouvait être « indifférent » et devait s’investir. Mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait ou si peu en République démocratique du Congo et dans tant d’autres crises dramatiques ? Ne peut-on soupçonner qu’il y ait d’autres considérations que les impératifs humanitaires ? Le gouvernement néerlandais qui a fait le même choix que le Canada s’interroge maintenant sur la validité de continuer dans les circonstances actuelles. Ne devrait-on pas avoir le même débat ?
Devant nous la guerre
Le grand tournant depuis la fin de la guerre froide
Gilbert ACHCAR – 8 novembre 2004
L’invasion de l’Afghanistan et la guerre contre le réseau Al-Qaida furent, en même temps, le prétexte idéal pour l’extension de la présence militaire états-unienne au cœur de l’Asie centrale ex-soviétique (Ouzbékistan, Kirghizstan, Tadjikistan) et jusqu’au Caucase (Géorgie). Outre la richesse en hydrocarbures (gaz et pétrole) du bassin de la Caspienne, l’Asie centrale présente l’intérêt stratégique inestimable d’être située au cœur de la masse continentale eurasiatique, entre la Russie et la Chine, les deux principales adversaires potentielles de l’hégémonie politico-militaire des USA.
Seven theses on the current period, the war and the anti-war movement
Zmag Gilbert ACHCAR – 9 septembre 2004
The invasion of Afghanistan and the war against the Al-Qaida network were the ideal pretext for the expansion of US military power into the heart of formerly Soviet-controlled Central Asia (Uzbekistan, Kyrgyzstan, Tajikistan) and the Caucasus (Georgia). Aside from the oil and gas riches of the Caspian Basin, Central Asia provides the inestimable strategic interest of being located at the heart of the Eurasian landmass — between Russia and China, the two main potential adversaries of US political and military hegemony.
Pourquoi le Parti Conservateur veut mettre de l’argent dans l’armée?
Pierre BEAUDET – 11 juin 2004
En clair, les États-Unis ont besoin du Canada et d’autres pays, pas tellement parce qu’ils représentent une capacité militaire, mais pour masquer politiquement et symboliquement leur occupation et leur contrôle. Cette stratégie américaine prend d’autres formes ailleurs, où le Pentagone aimerait bien que d’autres pays « prennent le relais », en Afghanistan ou en Haïti par exemple, de façon à « libérer » l’armée américaine pour des tâches prioritaires. On voit donc pourquoi le président Bush insiste pour une augmentation du budget militaire du Canada, ce qui n’a rien à voir avec notre propre sécurité nationale et encore moins avec un repositionnement stratégique du Canada dans le monde.