Le Kiosque Média

"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres

10.21.2005

A lire : The Fate of Africa : From the Hopes of Freedom to the Heart of Despair : A History of 50 Years of Independence


Martin Meredith, journaliste britannique, est l’auteur de The Fate of Africa : A History of 50 Years on independence. Ce livre couvre les événements politiques sur le continent africain depuis 1960. De Nasser à Mugabe, de Mandela à Senghor, le huitième livre de Meredith dessine un portrait pénétrant de l’Afrique fait après fait, sans détail superflu. The Fate of Africa : From the Hopes of Freedom to the Heart of Despair : A History of 50 Years of Independence, de Martin Meredith, 752 p., 45 $

Slavery's Untold Story In The Northern States

Encore aujourd'hui, on ignore qu'il y avait beaucoup d'esclaves dans les États nordistes.

10.20.2005

Pierre Beaudet et l'Alternative aux faits

Pierre Beaudet a souvent des relations tendues avec les faits. Dans Alternatives (juin 2005), il écrit : « Quelques mois plus tard (en 1955), l'Égypte nationaliste boutait dehors les envahisseurs britanniques, français et israéliens qui voulaient empêcher la nationalisation du canal de Suez. » Immondices bovines !

Beaudet, qui, rappelons-le, forme grâce à l'argent de l'ACDI (Agence canadienne de développement international – donc le nôtre) des journalistes à Alternatives avant de les envoyer dans les pays du tiers-monde, se plante ici royalement. Rappelons-lui quelques faits qu'il pourrait trouver dans un dictionnaire quelconque.

Le 26 juillet 1956, Gamal Abd el-Nasser, le dictateur de l'Égypte, annonce publiquement son intention de nationaliser la compagnie franco-britannique du Canal de Suez qui contrôlait le canal du même nom. Il justifie sa décision par le besoin de ressources financières pour développer l'Égypte. Il interdit ensuite aux navires israéliens d'utiliser le canal. La nationalisation du canal de Suez soulève l'enthousiasme des foules musulmanes. Les Français et les Britanniques, qui perçoivent les droits de péage, ripostent aussitôt à ce camouflet. Les Israéliens attaquent l'Égypte. Les parachutistes franco-britanniques sautent, le 5 novembre, sur Port-Saïd sous le prétexte de protéger le canal. Eisenhower, le président américain en tournée électorale, réagit très vivement et obtient la convocation du Conseil de sécurité de l'ONU, qui met au point un cessez-le-feu. La crise se termine le 31 octobre. Si quelqu'un « boutait dehors les envahisseurs britanniques, français et israéliens », c'était le président américain.

Pour en savoir plus

Égypte : Nationalisation du canal de Suez
http://histgeo.free.fr/troisieme/gf/suez.html


Mais Beaudet aimerait mieux se castrer avec un couvercle de conserve rouillé plutôt que d'admettre que l'administration américaine a jamais fait quelque chose de bien depuis la naissance des États-Unis.

Les idéologues ont cette fâcheuse tendance à croire que le monde ordinaire est trop fragile et pas assez intelligent pour faire la part des choses. On ne peut donc tout dire à ces pauvres demeurés. On avait un jour demandé au philosophe de gauche Jean-Paul Sartre de dénoncer les goulags staliniens. Il avait refusé en disant : « Il ne faut pas désespérer Billancourt » (banlieue ouvrière qui votait régulièrement à gauche). Ayons une pensée émue pour tous ces penseurs qui, comme Beaudet et Sartre, doivent constamment s'étirer les synapses pour déterminer ce qui pourrait nous désespérer.

Mais il reste un doute lancinant sur les propos échevelés de Beaudet à propos de Suez. Ils sont peut-être attribuables à ce qu'on appelle en littérature la « licence poétique » et qui permet en gros d'écrire n'importe quoi sans s'encombrer des faits. En effet, quelques lignes plus loin dans son texte, on peut lire cette admirable envolée marquée au coin du plus pur lyrisme : « Quelques années plus tard (…) Guevara (Cuba), Lumumba (Congo), Ben Barka (Maroc) et tant d'autres militants assassinés aux premières lignes des combats contre l'impérialisme pouvaient célébrer leur victoire posthume, quelque part dans les doux nuages du ciel de la libération ! »

Rappelons que ces phrases poétiques de la revue Alternatives sont financées – en partie – par l’ACDI.


Dans le même texte – qu'est-ce qu'on est gâté – Beaudet écrit :

« Il y a quarante ans à Bandoeng en Indonésie, plusieurs pays (…) se réunissaient (…) pour réclamer la fin du colonialisme (...) »

Beaudet est soit nul en histoire soit poche en mathématiques. La Conférence de Bandoeng a lieu du 18 au 24 avril 1955. Elle réunit la plupart des États pauvres d'Asie et d'Afrique, en tout, 29 pays qui se définissent comme appartenant au tiers monde. C'est l'origine du terme. À Bandoeng se retrouvent la Chine de Mao, l'Inde de Nehru, l'Égypte de Nasser, le Cambodge de Sihanouk… et un seul pays industrialisé, le Japon.

La Yougoslavie du maréchal Tito, État communiste rival de l'URSS, figure parmi les vedettes de la conférence.

L'Afrique est très mal représentée, car la plus grande partie de ce continent est encore colonisée. Seuls l'Égypte, l'Éthiopie et le Libéria sont pour l'heure indépendants.

À Bandoeng, le Yougoslave Tito, l'Égyptien Nasser et l'Indien Nehru revendiquent leur «non-alignement», à égale distance des deux superpuissances, les États-Unis et l'URSS.

Ces leaders prônent le rassemblement des pays pauvres, la lutte contre le colonialisme et la ségrégation raciale, la lutte contre Israël ainsi que l'établissement de relations commerciales équitables entre les pays développés et les pays pauvres.

Leurs revendications rencontrent un écho enthousiaste dans l'élite intellectuelle des pays occidentaux.


http://membres.lycos.fr/guerrefroide/bandoeng.html

Les cols bleus de Montréal derrière Pauline Marois?

Lundi dernier, le SPQ Libre (Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre) a rencontré Pauline Marois. Cette dernière a critiqué l'attitude d'André Boisclair à l'égard du SPQ Libre, qu'il a qualifié d'alliance « socio-syndicaliste ».

« Je trouvais cela un peu méprisant à l'égard de nos amis syndicalistes et des mouvements sociaux et communautaires, a commenté Mme Marois. Moi, depuis le début, j'envoie le message que je souhaite la coalition la plus large possible, de gauche à droite. »

Dans le politburo du SPQ libre, même si ce n'est pas indiqué sur leur site ( http://spqlibre.org/ ) on retrouve le progressiste Michel Parent ( l'homme derrière la statue érigée de son vivant au grand progressiste Jean Lapierre) représentant les progressistes cols bleus de Montréal . Avec eux dans le décor, la coalition sera aussi large qu'épaisse.

Bon résumé de l'organisme SPQ libre dans Wikipedia anglais. La section française n'a qu'un paragraphe. http://en.wikipedia.org/wiki/SPQ_Libre

Évidemment, les progressistes du SPQ libre font hurler les progressistes de l'Union des forces progressistes (UFP), les tout aussi progressistes du journal La Gauche
sans compter le progressiste universitaire Paul Cliche et les trotskystes


10.19.2005

Les journalistes de guerre

Entrevues avec les grands journalistes qui ont couvert la Deuxième Guerre mondiale : Walter Cronkite, Hottelet, Andy Rooney…

Tout chaud sur la Guerre froide

Le Woodrow Wilson International Center for Scholars’Cold War International History Project est une mine d'informations regroupant résumés, bases de données et outils pédagogiques. Le site est aussi intéressant pour les néophytes que pour les experts de la Guerre froide.

Korea : NPR's History of the War (audio)

Pour bien comprendre les tensions actuelles entre la Corée du Nord et les États-Unis, il est important de comprendre la guerre de Corée. John Biewen et Stephen Smith du American RadioWorks analysent cette guerre qui a aidé à définir la politique américaine pendant le dernier demi-siècle.

La guerre des nouveaux puritains contre les plaisirs de la vie

Un article de la revue britannique Spiked sur une étude troublante de l'organisme Future Foundation (http://www.futurefoundation.net/)

10.17.2005

A lire : True Stories from behind the Berlin Wall


En 1997, la documentariste australienne Anna Funder travaillait à Postdam dans l'ancienne Allemagne de l'Est. C'est alors qu'elle s'est intéressée à la Stasi, l'efficace et omniprésente police secrète du régime communiste est-allemand. Mélangez l'efficacité prussienne et la paranoïa galopante des communistes en guerre contre leur propre peuple, le résultat est la Stasi.

La Stasi était l'armée interne grâce à laquelle le gouvernement gardait le contrôle sur le peuple. Son travail était de tout savoir sur chacun des citoyens par n'importe quel moyen. L'ancienne Allemagne de l'Est a été l'État qui avait le système de surveillance le plus perfectionné de l'histoire de l'humanité. Le cauchemar de 1984 de George Orwell réalisé. La Stasi plaçait des traces de radiation sur des vêtements, des meubles afin de pouvoir suivre à la trace atomique les déplacements des suspects. Sans aucun égard pour les dangers à leur santé. La Stasi volait des sous-vêtements et les plaçait dans des bocaux. Ces échantillons d'odeur pouvaient servir plus tard aux chiens policiers.

Un citoyen sur sept était un informateur. Les voisins surveillaient les voisins, les femmes surveillaient leur mari. Pendant des mois, Anna Funder a rencontré des anciens agents de la Stasi, des informateurs et leurs victimes. Mais aussi des êtres courageux qui ont osé résister à cette police omnipotente et dangereuse. Dans ses déplacements à travers l'Allemagne de l'Est, Anna Funder a le regard du journaliste pour ce qui est absurde et touchant. C'est une enquëte exceptionnelle. On voit le coût humain d'un système politique totalitaire.

Anna Funder
Stasiland
True Stories from behind the Berlin Wall
2003
Granta Books
(Bibliothèque Ville Mont-Royal)

Mentir pour plaire


Michaël Finkel a été licencié du New York Times après avoir inventé de toutes pièces un enfant-esclave en Côte d'Ivoire. Il a publié un livre.

10.16.2005

A voir télé - Secrets of the Dead « The Hunt For Nazi Scientists »


Secrets of the Dead « The Hunt For Nazi Scientists » raconte l’histoire inédite d’une chasse menée par la Alliés pour capturer la crème des scientifiques allemands et leurs secrets durant les derniers moments de la Deuxième Guerre mondiale. Ce documentaire est enrichi de comptes rendus de véritables missions commandos et de bombardements secrets, de rares séquences d’archives, des déclarations de témoins oculaires et d’une visite des lieux secrets nazis qui ont permis de développer des technologies qui ont joué un rôle dans la Guerre froide et dans la course pour se rendre dans l’espace.

Scénarisé, réalisé et produit par Mark Radice et en présentation sur
PBS le
mercredi 19 octobre prochain à 20h.

Pas de bombes, pas de contrats!



Après les pressions sur les pigistes qui étaient du genre "si tu ne signes pas ce contrat, tu n'auras plus de contrats avec nous", voici l'ère du "si tu ne pars pas en Irak, tu n'auras plus de contrats".

(ce qui suit est extrait d'une liste de discussion française)

Le journaliste Richard Gizbert accuse la chaîne américaine ABC de l’avoir licencié parce qu’il ne voulait pas partir en Irak.

« Quand vous regardez les infos et que vous voyez un correspondant à Bagdad, vous devriez vraiment vous demander si cette personne a vraiment désiré se rendre sur place… ou si ce n’était pas l’unique moyen de voir son contrat renouvelé ». C’est à coups de déclaration comme celle-ci que Richard Gizbert relance le débat sur la nécessité, ou non, d’envoyer des journalistes en Irak. Ce reporter canadien de 47 ans réclame 3 millions d’euros de dommages et intérêts à la chaîne américaine ABC, qu’il accuse de l’avoir licencié parce qu’il refusait de partir en Irak.

Une accusation que réfute ABC. Marcus Wilfort, le directeur du bureau de
la chaîne à Londres, où travaillait Gizbert, affirme que ce dernier aurait été licencié à cause de restrictions budgétaires, en raison de sa qualité de « freelance », et surtout, parce qu’il était « un journaliste moyen ». Un constat surprenant, quand on sait qu’ABC faisait confiance à Gizbert depuis 1993, et que le grand reporter avait déjà couvert pour la chaîne les guerres de Bosnie, Tchétchénie et Somalie. Des conflits qu’il se garde bien de comparer à la guerre en Irak : « En Bosnie, en Tchétchénie, le danger était là, c’est évident. Mais depuis le 11 septembre, les journalistes ne sont plus seulement perçus comme des observateurs, par certains extrémistes, mais par des participants prenant part au conflit ».

D’où les chiffres émanant du Comité de Protection des Journalistes de New York, qui officialisent la mort d’au moins 135 journalistes en Irak depuis 2003. Selon Marcus Wilfort, « l’Irak est l’endroit le plus dangereux pour les journalistes ces dernières années », et « tous les correspondants d’ABC qui y sont allés ont dit qu’ils n’y retourneraient pas ». Il n’empêche que, d’après lui, les journalistes de sa chaîne qui ont refusé d’aller à Badgad n’ont pas pour autant été licenciés.

Des collèges qui ont
témoigné, lors du procès, des grandes qualités professionnelles de Richard Gizbert et qui comprennent parfaitement sa décision de ne pas vouloir couvrir le conflit irakien à la suite de la naissance de son dernier fils. Déjà père de deux enfants, Gizbert avait alors annoncé sa décision de ne pas partir pour l’Irak en avançant qu’ « on peut trouver des jeunes reporters prêts à tout pour partir là-bas. Soit parce qu’ils sont passionnés par le sujet, soit parce qu’ils savent que c’est là un moyen de progresser très vite dans le milieu ».

Ce journaliste qui n’a plus rien à
prouver a affirmé au procès que « de nombreuses personnes arrêtent le reportage de guerre quand ils ont leurs enfants. Moi, je l’ai fait un peu plus tard, quand mes enfants ont commencé à me demander pourquoi je faisais ça… que je n’étais pas capable de leur fournir une réponse sensée». Reste à savoir si les avocats de la chaîne auront une « réponse sensée» à lui apporter…

Auteur : Virginie Le Baler
 
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