"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres
3.10.2007
Une Guerre froide qui n’a eu de froid que le nom
Successivement chef du service étranger, rédacteur en chef, puis directeur du Monde, André Fontaine est l’un des plus grands historiens français spécialistes de la Guerre froide. À ce propos, il avait déjà publié, dans les années soixante, deux ouvrages de référence dont l’analyse prenait fin au lendemain de la crise des fusées de Cuba. La tache rouge arrive donc à point nommé pour combler ce vide, puisque cette fresque a le mérite de couvrir l’ensemble de la période (1917-1991). Cette « histoire », André Fontaine la divise en trois grandes parties : - De la révolution d’Octobre à la mort de Staline (1917-1953) - De la mort de Staline à la crise des fusées de Cuba (1953-1962) - De la crise des fusées à la dissolution de l’URSS (1962-1991)
Les divergences idéologiques de ces deux superpuissances (États-Unis et Russie) voient le jour dès 1917 avec la révolution d’Octobre. Déjà les ambitions des deux empires étaient trop universelles pour être conciliables. Chacun voulant convertir la terre entière à son idéal : communiste pour le bloc de l’est et libéral pour celui de l’ouest.
Cette Guerre froide, appelée ainsi par peur apocalyptique, ne fut point un affrontement armé direct entre les deux protagonistes, mais plus un embrasement mondial. Que ce soit avec des mouvements de décolonisation ou encore des guerres particulièrement sanglantes comme en Asie. Finalement une Guerre froide qui n’a eu de froid que le nom, puisqu’elle n’aura pas épargné les vies humaines et entraîné une course folle à l’armement. Il faudra attendre le démantèlement du bloc soviétique en 1991 pour que prennent fin les hostilités. La dislocation de l’URSS permettant l’accès à de nombreux dossiers jusque là tenus secrets, cet ouvrage raconte les étapes de cette guerre qui aura marqué une bonne partie du vingtième siècle. De surcroît, c’est un outil des plus éducatifs puisque l’auteur y trace les portraits des différents acteurs de cette « histoire » (Mao, Castro, Gorbatchev…).
"Un simple geste, celui de faire inscrire son nom dans un registre connu sous le nom de Livre des Noirs, garantissait la liberté aux Loyalistes Noirs en 1783, et pour certains, leur ouvrait la porte du Canada. Mais le Canada était-il véritablement la terre promise?"
All about the Mafia in Canada est une série de 22 textes -en anglais- traitant du crime organisé, particulièrement au Canada, et réalisée en 2001 par Antonio Nicaso pour le compte du site Tandem.
Le journaliste Nicaso est l'auteur du best-seller national "Bloodlines: the rise and fall of the Mafia’s Royal Family" (Harper Collins) et de neuf autres livres sur le crime organisé. (illustration de CNN)
« A sticky situation : Quebec’s maple syrup situation » Andrea Jezovit, Canadian Business, 29 janvier 2007.
L’industrie du sirop d’érable se porte mal au Québec, tout le monde s’entend sur ce point. Les solutions sont cependant loin de faire consensus. Le Canadian Business présente les grandes lignes de ce dossier complexe, avec comme toile de fond une histoire vécue et toujours en cours, celle des Caron.
Ce couple de producteurs acéricoles est présentement en guerre contre la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ), qui leur a imposé, par l’entremise de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, une amende de 750 000$, un record historique. La source du conflit : l’écoulement « au noir » de leur production depuis 2003. C’est que Jean-Pierre et Lise Caron ont fait fi du système de quotas régissant la production acéricole au Québec, en plus de ne pas transiger avec la FPAQ, l’agent de vente exclusif, et ont vendu leur production directement à des acheteurs du Nouveau-Brunswick.
Le couple allègue avoir eu l’assurance d’un représentant de l’Agence canadienne d’inspection des aliments que cette façon de faire était légale. La défense repose aussi sur le refus de la FPAQ d’allouer un quota aux Caron en 2006, ce qui les a forcés à vendre leur production « au noir ». Le caractère « déraisonnable » de l’amende est également évoqué. Leur avocate questionne finalement l’impartialité de la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, avançant que l’organisation serait influencée par l’Union des producteurs agricoles, qui chapeaute la FPAQ. Cette accusation, si elle est retenue, pourrait paralyser les activités de la Régie durant les procédures. La cause est maintenant devant la Cour Supérieure du Québec et la FPAQ s’est dite prête à aller jusqu’en Cour Suprême.
Une industrie en difficulté Malgré l’imposition de quotas depuis 2004 et la diminution des inventaires en 2005 et 2006, ceux-ci sont encore de 42 millions de livres à la veille de la saison 2007. Les problèmes récents remontent à 2000. L’année a été particulièrement fructueuse, le prix payé au producteur a chuté de plus de moitié, mais les surplus se sont néanmoins accumulés. Les producteurs ont alors voulu stabiliser les prix en donnant un mandat d’agent de vente exclusif à la FPAQ. L’organisme a réussi à hausser les prix en 2002… et les producteurs ont réagi en augmentant leur production. D’où le système de quotas, maintenant fixés à 75 % de la production historique.
L’industrie acéricole québécoise génère 178 millions de revenus et représente 80 % de la production mondiale. La FPAQ regroupe 7 300 producteurs, dont environ 200 vendraient sur le marché noir. Une étude des économistes Pierre Fortin et Marc Van Audenrode établit que les quotas ont un impact plus négatif chez les grands producteurs acéricoles que chez les plus petits, qui représentent 70 % des producteurs mais ne génèrent que 30 % de la production. Fortin et Van Audenrode doutent de l’efficacité du système de contingentement et avancent qu’une baisse temporaire et contrôlée des prix pourrait venir à bout des inventaires.
François Brousseau, chroniqueur et affectateur responsable de l’information internationale à la radio de Radio-Canada, écrivait dans Le Devoir, (13 novembre 2006) un article titré: "Darfour, pourquoi l’impuissance?"(...)
"Il est vrai que, sur des sujets étroitement reliés à la polémique pro ou anti-américaine du moment, ou encore sur une région comme l’Amérique latine, Le Monde diplomatique paraît parfois prisonnier de ses alliances, étroitement aligné – allons-y de façon lapidaire – sur un certain anti-impérialisme altermondialiste … dont il se reconnaît d’ailleurs le porte-parole officieux. »
Le journaliste est trop gentil. Le Monde diplomatique n’est pas prisonnier de quoi que ce soit. Il sait très bien ce qu’il fait. Et ce n’est pas de l’information !
Le Kiosque a déjà écrit sur Ignacio Ramonet (photo ci-contre), maître après Marx du Monde diplomatique (voir Ignacio Ramonet et la podosuccion).Ignacio a maîtrisé l'art d’impressionner ses lecteurs, pourtant en majeure partie des universitaires. Cet art consiste à donner l’impression qu'il est le seul à comprendre tous les sens des événements. Puis d'en laisser choir quelques miettes sur ses lecteurs ébaubis et reconnaissants. Voici comment il traite d’un sujet aussi connu que la Seconde Guerre mondiale dans le numéro de mai du Monde diplomatique sous le titre accrocheur "Les faces cachées d'une guerre mondiale":
« Le 8 mai 1945, après cinq ans et huit mois du plus meurtrier des conflits qu'ait connu l'humanité, l'Allemagne nazie capitulait. (..) Le soixantième anniversaire de cet événement majeur du XX siècle va, sans nul doute, mobiliser les grands moyens d'information. Hélas, cette commémoration médiatique privilégie le spectaculaire et l'émotion au détriment de l'histoire et des leçons qu'il convient d'en tirer. Pis : des pans entiers du second conflit mondial, jugés trop dérangeants pour ceux qui prétendent épurer les mémoires, resteront vraisemblablement dans l'ombre. » (Le Monde diplomatique, mai 2005)
Ainsi, en quelques lignes, il attaque ceux qui se préparent à commémorer la guerre : les soldats, leurs familles, les pays et la presse. Tous, émus comme les pauvres ploucs qu'ils sont, oublient, selon Ramonet, l'histoire et des leçons qu'il convient d'en tirer. Puis c'est la paranoïa galopante :
(suite) "jugés trop dérangeants pour ceux qui prétendent épurer les mémoires, resteront vraisemblablement dans l'ombre. »
Il ne dit pas par qui, mais on comprend qu'il y a des gars dans le monde qui ont une job à temps plein, celle d'épurer les mémoires. Mais on ne la fait pas à Ignacio (!) pour qui
"le cérémonial même des commémorations enterre et étouffe le sens de l'événement. Le paradoxe est le suivant : les médias rappellent… pour mieux faire oublier. »
Ça ne veut rien dire mais ça se glisse comme un ver solitaire et ça semble tout aussi profond. D'autant plus qu'il va chercher un de ses aidants naturels, l'historien Eric Hobsbawn, le dernier marxiste pur jus de la Grande-Bretagne. Ce dernier nous met en garde :
«Aujourd'hui, affirme-t-il, l'histoire est plus que jamais revisée ou même inventée par des gens qui ne souhaitent pas connaître le passé véritable, mais seulement un passé qui s'accorde à leurs intérêts. Notre époque est celle de la grande mythologie historique. » (p. 19)
En conclusion de ces préambules (le peuple ne sait rien de l'histoire de la guerre, on le roule dans la farine), Ignacio écrit :
"Voilà pourquoi le Monde diplomatique a choisi de braquer, dans son « dossier de mai » les projecteurs sur des pages oubliées, voire occultées, de la seconde guerre mondiale. »
Quelles sont ces pages oubliées, voire occultées ?
- les manifestations des femmes allemandes mariées à des juifs qui parvinrent à faire libérer leurs conjoints Cette page "oubliée, voire occultée", a été traitée dans ce kiosque il y a déjà plusieurs mois et Margaret Von Trotta a fait un film sur le sujet l'an dernier.
- le livre de l'historien allemand Götz Aly Ce livre, publié il y a plusieurs mois, dit en gros que les Allemands ont tellement profité du nazisme qu'ils ont laissé faire Hitler.
- la liquidation des malades mentaux par Hitler On pourrait étouffer Ignacio sous la documentation écrite sur ce sujet.
-les guerres des nationalistes contre les Britanniques en Asie Tous les livres sur la guerre du Pacifique évoquent ces insurrections.
- la répression des militants algériens par les Français à Sétif Un peu hors sujet, mais cette répression est traitée au début de tous les livres sérieux sur la guerre d'Algérie. Voir par exemple les pages personnelles de Jacques Morel
- le rôle important de l'Union soviétique dans la défaite allemande Archi-connu, mais le Monde diplomatique va lui donner un spin spécial grâce à Annie Lacroix-Riz, professeur d'histoire contemporaine à l'Université Paris-VII. (voir photo ci-contre, tirée du site Réseau Voltaire)
Voyons un peu mieux le pédigree de dame Lacroix-Riz. C’est une militante communiste qui nie, il faut le faire, la famine qui a fauché les Ukrainiens en 1933. (D'ailleurs, son site web http://www.historiographie.info/menu.html demande votre soutien envers la pauvre Annie, "confrontée à d'énormes pressions concernant ses travaux sur la "famine en Ukraine"). C’est donc cette universitaire biaisée qui écrit le texte sur «Le rôle important de l'Union soviétique dans la défaite allemande».
Il faut dire que le défi était énorme: comment écrire que la Pologne écrasée par l'armée allemande se fait poignarder dans le dos par la Russie ? Comment expliquer l'invasion des petits pays baltes ? Comment expliquer l'attaque de la Finlande ? Voyons chacun des points :
La Russie attaque la Pologne dans le dos et occupe la moitié du pays. «Le 17 septembre l'URSS, inquiète de l'avance allemande en Pologne, proclama sa neutralité dans le conflit, non sans occuper la Galicie orientale."
La Russie occupe les pays baltes Elle exigea en septembre-octobre des « garanties » des pays baltes, « occupation « déguisée « accueillie avec résignation par Londres, que le Reich inquiétait désormais autant que la poussée russe en Europe.
La Russie attaque la Finlande "Et, ayant demandé, -en vain- à Helsinki, alliée de Berlin, une rectification de frontière ( contre compensation) elle entra en guerre contre la Finlande et fit face à une sérieuse résistance. La propagande occidentale plaignit la petite victime et exalta sa vaillance."
Dans son premier numéro, mai 1954, on pouvait lire, en page 1 : "À nos lecteurs: Ce journal se propose de doter les membres des services diplomatiques et consulaires de tous les pays et le personnel des principales organisations internationales, ainsi que leurs familles, d'un organe consacré aux événements et aux problèmes qui les intéressent tout particulièrement. Pour répondre à cette intention il doit avoir un caractère international, être rigoureusement objectif et s'abstenir de prendre positionà l'égard des affaires intérieures des divers pays."
Et il y a des intellos québécois qui lisent ce journal à genoux, heureux de recevoir l'Évangile selon saint Ignace !
Le site www.alternativeservice.ca, mis en ligne par le Mennonite Heritage Center de Winnipeg, raconte l’histoire des objecteurs de conscience au Canada pendant la seconde guerre mondiale.
Le site est essentiellement axé sur les origines, les croyances et, surtout les raisons du refus de servir militairement des mennonites, qui représentaient l’immense majorité des objecteurs de conscience à cette époque.
Le contenu du site est une source intarissable d’informations sur cette société : bibliographies, hyperliens, multimédia... Toutes les questions relatives aux mennonites sont abordées et documentées : qui sont-ils? pourquoi leur opposition à la conscription? Quelles étaient leurs activités en tant qu’objecteurs de conscience?... C’est extrêmement complet pour qui devrait travailler sur le sujet. Seul bémol, les objecteurs de conscience non mennonites ne sont pas évoqués alors que la page d’accueil pouvait laisser croire le contraire.
Malgré l’ouverture des barrières en matière d’information, les reportages tournés en période de crise demeurent des perles rares. Kevin Sites travaille depuis 5 ans dans des zones de guerres civiles, de conflits armés, de désastres et de désespoir. Il est un des correspondants «backpacks» diffusés sur le site Hot Zone, lancé en 2004. Le site documente des histoires captées au Moyen-Orient, en Asie du Sud, en Amérique Latine et en Europe de l’Est. Les thèmes sont variés. Nous pouvons nous renseigner sur des sujets généraux, comme la prostitution en Asie du Sud, ou sur des plus particuliers tels les déchets d’une classe aisée de Port-au-Prince qui se retrouvent dans un bidonville. En plus de nous présenter des clips d’un travail de terrain ardu, le site est une source de référence pour ceux qui s'intéressent à la réalisation, puisque l'on décrit les objectifs et le matériel utilisé lors des reportages. Finalement, les visiteurs sont invités à laisser leurs commentaires, afin de discuter des sujets traités.
Le Center for Global, International and Regional Studies (CGIRS) de l’université de Santa Cruz en Californie, offre un guide essentiel pour l’étude de la mondialisation. L’Atlas of Global Inequality, qui s’adressait originellement à des professeurs et étudiants, se veut maintenant un site pour les chercheurs et les activistes concernés par les inégalités du Monde. Le site nous présente clairement les enjeux de la mondialisation tels la santé, l’économie ou le statut des genres. De plus, pour accompagner les dossiers, les auteurs ont créé des cartes du monde expliquant en détails les inégalités entre pays et les indices de développement de ceux-ci. Finalement, une abondante base de données permet de créer des graphiques et des tableaux qui mettent en relief les particularités d’un pays durant une année. Enfin, on nous propose un site interactif riche en contenu et facile à utiliser.
Robert Calvet, docteur en histoire, professeur et auteur, nous offre aujourd’hui Les Américains : Histoire d'un peuple. Comme son titre l’indique, cet ouvrage traite de l’histoire des États-Unis. Une nation qui a une existence officielle de plus de deux siècles.
Ce pays qui s’est forgé dans l’intégration permanente d’immigrés de tous horizons, est aujourd’hui le peuple d’Occident le plus divers dans sa composition ethnique. Une diversité qui a finalement créé une culture (ou non culture pour certains) originale, dynamique et des plus paradoxales.
Pour comprendre un pays aussi complexe, Robert Calvet propose une approche pluridisciplinaire. En plus de nous conduire des origines jusqu’à l’histoire récente, cette étude traite des aspects économiques, politiques, culturels et juridiques. Ces thèmes sont classés par fiches et l’auteur en développe leurs évolutions historiques jusqu’aux données les plus récentes. Cette approche permet à cet ouvrage de répondre parfaitement aux besoins de toute approche éducative et académique.
Orchestré par Claude Marcil, le Kiosque Média est une revue de presse mise à jour quotidiennement. Il contient également des sites de référence, des critiques de livres et (devant des bêtises flagrantes) quelques éditoriaux de notre cru.