Conversation imaginaire entre un délégué syndical de la SQ et sa secrétaire.«Vanessa, as-tu fait la revue de presse?»
― Oui, depuis les débuts des négos jusqu’à hier. Et vous aviez parfaitement raison. Les médias ont tous mentionné que nos 5000 policiers recevraient 12 % d’augmentation sur quatre ans. Bref, 4 % de plus que les autres fonctionnaires. Pas un n’a signalé combien un policier de la SQ gagne par année.
― C’est parce qu’ils ne le savent pas.
― Comment peuvent-ils ne pas le savoir?
― Parce qu’ils ne l’ont jamais demandé.
― C’est bizarre. Les négociations ont duré une couple d’années. Me semble que les journalistes ont eu tout le temps de penser à demander combien gagne un flic, combien veut gagner un flic, combien va gagner un flic.
― Oui ç’a l’air l’évidence même. Mais l’information, Dieu merci pour nous autres, ne marche plus comme ça. D’abord, si on veut éviter les questions évidentes, il faut leur fournir des réponses à des questions qu’ils ne se sont pas posées.
― Qu’est-ce que tu veux dire, Bertrand?
― On leur a envoyé pendant des mois des communiqués de vécu. Et ils les répètent en changeant un peu les paragraphes.
― Le vécu!
― Ouais. Pour le vécu, on écrit dans les communiqués : les policiers se sentent trahis par... ; les policiers sont indignés de la dernière offre ; les policiers en colère contre... :
― Et ce n’est pas vrai?
― Pas nécessairement. Mais les journalistes n’iront pas demander à un gars de la SQ si lui et ses collègues sont vraiment «indignés» par les dernières offres, pour la simple raison qu’ils n’en connaissent pas un seul. Ils vont donc le demander au délégué syndical, justement celui qui leur a envoyé un communiqué disant qu’ils étaient en colère. Qu’est-ce que tu penses que le délégué va leur dire?
― Que les policiers sont en colère?
― Tout à fait.
― Et ça marche avec tous les journalistes?
― Absolument. Tiens, regarde le titre du long article de Denis Lessard, en première page de la Presse du 24 mai : Une hausse bonifiée selon l’ancienneté. Tout sur les pourcentages d’augmentation, pas un mot sur les salaires. Une semaine plus tard, un autre bon journaliste, Pierre Duchesne, résumait à Bernard Derome l’entente avec le gouvernement. Ils n’ont parlé que de pourcentages.
― Bref, on les roule dans la farine?
― Oui, et c’est tellement facile que des fois, ça me gêne.
ÉpilogueNous avons appelé les relations publiques de la SQ pour connaître les salaires des policiers. L’agente de communication Isabelle Gendron nous a accueillis comme si nous lui demandions des détails sur sa vie personnelle. Bref, nous la dérangions.
«Je ne sais pas quel est le salaire moyen et je vous avoue que je n’ai pas le temps de chercher pour vous, nous répond Isabelle Gendron. Mais allez dans notre site Internet, c’est indiqué.»
― Où, exactement, s’il vous plaît?
― Je ne sais pas. Probablement dans une page qui parle des conditions de travail.
Elle avait bêtement raison. Voilà ce qu’on trouve sur le site
http://www.suretequebec.gouv.qc.ca/accueil/recrutement/conditions.html
Rémunération :
de 34 224 $ à 59 670 $ (rémunération progressive sur une période de six ans).
(Bref, ça commence bas, mais ça monte vite)
Primes annuelles d’éloignement ou d’isolement :
5 611 $ de prime d’éloignement (8 416 $ avec personne à charge) pour les postes à Havre-Saint-Pierre et aux Îles-de-la-Madeleine.
4 762 $ de prime d’éloignement (6 809 $ avec personne à charge) pour les postes à Chapais-Chibougamau, à Matagami, au Témiscamingue et à Lebel-sur-Quévillon.
18 626 $ de prime d’isolement pour les postes réguliers à Kuujjuaq, à La Baleine et à Caniapiscau.
15 522 $ de prime d’isolement pour les postes réguliers sur la Côte-Nord et à Radisson.
Vacances annuelles :
Employé régulier : 18 jours après une année de service, pouvant atteindre 25 jours (au prorata) en cours de carrière.
Sara-Emmanuelle Duchesne et l'équipe du Kiosque