"Notre métier n’est ni de faire plaisir, ni de faire du tort. Il est de porter la plume dans la plaie." - Albert Londres
3.24.2007
L'Asie ne dit pas oui
La Chine et l’Inde, entre autres pays, connaissent un véritable boom économique. À quel point ces pays ont-ils encore besoin, ou veulent-ils toujours, de la culture populaire américaine? De moins en moins, soutient Tyler Cowen dans l’International Herald Tribune. Dans certains pays, la culture américaine n’est pas irrésistible.
Tyler Cowen est un professeur d'économie à l'Université Georges Mason et co-auteur du blogue www.marginalrevolution.com.
(photo gracieuseté de ce blogue rigolo, Say le blog, qui se demande, au contraire de Cowen: "Le célbère ronald (sic, sic) arriverait-il en chine ? En tout cas, l'enseigne de ce petit resto sympathique ressemble un peu au géant américain vous ne trouvez pas?")
Les dictateurs à penser et autres donneurs de leçons
Voici un livre qui a fait du bruit et déplu à beaucoup de monde. Denis Jeambar, dirigeant du Groupe Express-Expansion -groupe auquel les magazines français L'Express et Lire appartiennent - s’emporte rageusement contre Les dictateurs à penser et autres donneurs de leçons. Qui sont ces « dictateurs à penser » contre qui il s’emporte? Tout simplement les défenseurs de la pensée unique; qu’ils soient intellectuels, journalistes ou encore politiques. Ces donneurs de leçon mettent en danger la démocratie, en privilégiant leurs engagements sociopolitiques au détriment de la vérité. L’auteur s’insurge haut et fort contre cette ignorance, cette arrogance et surtout contre « cette imposture d’une France autoproclamée Gardienne des droits de l’homme ».
Le Kiosque avait fait la recension de « War : The New Edition » écrit parGwynne Dyer (11.13.2006)Cet ancien militaire, historien, professeur et journaliste, vient de publier :Futur imparfait : L'avenir du monde après l'invasion américaine de l' Irak.
Voici un essai qui devrait faire du bruit. Future: Tense: The Coming World Order (traduit Futur imparfait : L'avenir du monde après l'invasion américaine de l'Irak), de Gwynne Dyer, s’intéresse à la fameuse Pax Americana et en analyse les dessous.
Rappelons d’abord que cette Pax Americana est le produit de l’hégémonie américaine dans le monde. Elle résulte des incursions militaires des Etats-Unis pour renverser les régimes politiques hostiles aux intérêts américains ou des pays alliés. Une position de gendarme du monde en quelque sorte.
Gwynne Dyer (journaliste, conférencier en affaires internationales, historien militaire et cinéaste) a un point de vue des plus acerbes en ce qui concerne les véritables motifs de la politique américaine menée au Moyen-Orient. La position de l’auteur est claire et des plus convaincantes: «L'invasion de l'Irak n'a rien à voir avec le terrorisme. Ça fait partie d'un projet de l'administration Bush pour établir une hégémonie globale. L'Irak est un message aux autres puissances du monde».
Il est encore plus effrayant de constater que le projet terroriste d’Al-Qaida est certes, entré en collision avec celui des néo-conservateurs américains, mais surtout qu’il l’alimente et l’attise. Cette convergence vicieuse pourrait entraîner une troisième guerre mondiale. Pour éviter un tel embrasement, Gwynne Dyer souhaite une défaite rapide des États-Unis en Irak.
Sigmund Freud voulait rencontrer Joseph Pujol; des médecins ont offert des fortunes pour examiner son cadavre. Il est vrai que l’anatomie de Pujol était unique; ses spectacles aussi…
Péter en public est, pour nous tous, socialement très embarrassant. Sauf pour Joseph Pujol qui, au plus profond de lui-même, a toujours su que ses flatulences lui apporteraient gloire et notoriété. Retour sur le destin du Pétomane, un homme qui n’a jamais rien lâché.
Fils d’immigrés Catalans, Pujol naît à Marseille en 1857. C’est lors d’une baignade dans sa Méditerranée natale qu’il découvre qu’il n’est pas tout à fait comme tout le monde. Sentant une fraîcheur inhabituelle au niveau des entrailles, le jeune Joseph se rend compte qu’il se remplit d’eau, comme une vulgaire baudruche … Sauf qu’une baudruche ne se remplit pas par le rectum. Alors que Joseph, si. Et plus étonnant encore, il se vide peu après, et toujours par le rectum, de toute l’eau emmagasinée ! La mère et son fils, pris de panique, filent voir un médecin. Le diagnostic est sans appel : Joseph a le sphincter élastique. Il ne court aucun danger. C’est pendant son service militaire que Pujol prend véritablement conscience du don qui est le sien. S’il peut absorber l’eau par le rectum, il doit être en mesure d’aspirer l’air par le même orifice. Et de l’expulser. En contractant savamment ses abdominaux, Pujol parvient à ses fins. Il se perfectionne et réussi à émettre des flatulences de sonorités variées et inodorantes, parce que non-issues de la digestion. Il présente son premier spectacle à ses partenaires de régiment et se choisit alors un nom d’artiste qui ne le quittera plus: le Pétomane.
De retour de l’armée, Pujol reprend la boulangerie familiale (la rue dans laquelle se trouve la boulangerie s’appelle, aujourd’hui, la rue Pujol) et se marie à une fille de boucher. Le soir, après le travail, il chante et fait l’acteur, au sein d’un groupe de comédiens, dans les bars et estaminets de la cité phocéenne. Il enfile son costume de pétomane seulement pour la famille ou pour amuser ses connaissances. Mais, décidé à faire du Pétomane une véritable vedette, Pujol, aidé de quelques amis, monte un spectacle et achète un petit théâtre dans lequel il est, bien sûr, tête d’affiche. Le succès est immédiat. Le bouche-à-oreille fonctionne merveilleusement et le tout-Marseille se déplace. La salle est pleine à craquer tous les soirs. En plus de l’aspect divertissant que représente le spectacle, les foules se plaisent à aller voir un artiste irrévérencieux au possible, qui dénote clairement avec l’austérité intellectuelle de l’époque. Le Pétomane est un grand bol d’air. Le succès aidant, les amis et la famille de Joseph le persuadent de tenter sa chance à Paris, la ville-lumière.
Pujol arrive à Paris en 1892, après avoir rôdé son spectacle en province. Il se pointe directement au Moulin Rouge, institution du show-business parisien de l’époque. Le directeur, Oller, accepte de le recevoir. Ne s’encombrant pas de bla-bla, Pujol, en guise d’audition, fait venir une bassine d’eau, aspire son contenu par l’anus, se vide et propose un florilège de ses meilleurs pets. Oller, estomaqué, l’engage sur le champ et fait placarder dans tout Paris : « Le Pétomane, le seul qui ne paie pas des droits d’auteurs »
Le succès est encore une fois au rendez-vous. La prestation du Petomane est totalement inédite et pleine d’humour. Il se présente sur scène habillé d’un costume en velours d’un rouge seyant, ouvert sur le postérieur, parle de lui et de son don. Il annonce ensuite les imitations et les exécutent : le ténor, la basse, le baryton…Le pet d’une fillette, celui d’une jeune mariée (avant et après la nuit de noces), celui d’une belle mère…Le canon, le tambour et autres percussions … Tout en flatulences, bien sûr. La mise en scène est parfaite et la prouesse technique impressionne: les pets peuvent durer 10 à 15 secondes, un seul pet suffit à éteindre une bougie à 30 cm, des séries de 10 à 12 pets consécutifs sont réalisées…. Le clou du spectacle est la flûte anale : Pujol s’introduit un tube dans le rectum et fume une cigarette, toujours par le rectum, se trouvant à l’autre bout du cylindre. Il finit par jouer quelques notes de musiques, en utilisant ses pets et le tube. On relate des évanouissements et des étouffements (de rire) pendant la prestation.
Pujol entre dans les annales du Moulin Rouge. Il rapporte plus de recettes que Sara Bernhardt. Au sommet de sa popularité, même Sigmund Freud veut le rencontrer. Ne se cantonnant pas au temple du spectacle parisien, il donne aussi des représentations dans des clubs fermés, réservés aux hommes. Le roi des Belges, Léopold II, assiste, impressionné, à une des ses performances. En 1894, pour aider un de ses amis commerçant dans le besoin, il accepte de jouer dans son magasin. Ce n’est pas du goût d’Oller, qui met fin à leur fructueuse collaboration et le poursuit en justice. Pujol est reconnu coupable. La rupture consommée, il fonde alors le théâtre Pompadour, une scène itinérante, qui continue à attirer du monde partout où il passe. Il va même se produire en Afrique du Nord, en Espagne, en Belgique…Il alterne sa prestation avec des numéros de magies et de mimes, réalisés par d’autres membres de la famille Pujol, que Joseph, fort de son succès, a rapatrié à Paris. En contrepartie, Oller tente de lancer le « femme-pétomane ». Le spectacle est est très durement critiqué et s’avère être une supercherie.
En 1914, la Première guerre mondiale est déclarée. Les fils Pujol partent se battre dans les tranchées. Le théâtre Pompadour cesse ses activités : les gens n’ont plus le goût de sortir. Qui plus est pour aller voir un spectacle basé sur les pets et autres flatulences, alors que le gaz moutarde fait des ravages sur les champs de bataille. Une fois l’armistice signé, Pujol ne trouve pas la motivation nécessaire pour rouvrir le théâtre Pompadour. Il décide alors de redescendre à Marseille, avec toute sa famille. Joseph Pujol n’enfilera plus jamais son costume de pétomane.
Il décède en 1945, entouré de ses enfants et petits-enfants. Une faculté de médecine proposera beaucoup d’argent pour pouvoir prélever les organes si particuliers du Pétomane. Ses descendants ont toujours refusé.
Le net devrait représenter 60% du "operating earning" du groupe norvégien Schibsted en 2008. Que fait Schibsted que ne font pas les autres éditeurs de l'UE et d'Amérique du nord? Explications sur le blogue Média café.
Sur le même blogue: "Free-lances indiens pour le San Francisco Chronicle" on annonce qu'en février "le San Francisco Chronicle a publié un supplément pub éditorial. Son nom :"Perspectives". Sujets abordés : business, santé, éducation, automobile, etc. Jusque là, rien d'extraordinaire. Sauf que le contenu n'a pas été réalisé par des pigistes américains. C'est en Inde que le supplément a été écrit, par une entreprise appelée: Mindworks Global Media." (photo de promotion de l'entreprise Mindworks Global Media)
"Que savent les Israéliens de leur propre histoire ? De celle des Palestiniens ? Que cherchent-ils à ignorer, éluder, minorer ou marquer ? Une affaire récente, anodine et passée relativement inaperçue, offre un exemple frappant de la manière dont chacun se positionne sur ces questions, et de la régression qui affecte la société israélienne dans sa capacité à s’interroger sur elle-même depuis l’éclatement de l’Intifada. "(...) Le Site Arte présente ainsi son invité: "Sylvain Cypel connaît très bien l'histoire d’Israël et la société israélienne contemporaine. Il a vécu douze ans dans ce pays, y a étudié, travaillé, fondé un foyer, servi dans l’armée, milité. Il est rédacteur en chef au journal Le Monde et vient de publier un livre très remarqué aux éditions de La Découverte, "Les emmurés. La société israélienne dans l’impasse"."
(photo: Sylvain Cypel, photo tirée du site Arte Histoire)
Dans la course à l’information et à sa diffusion, les médias traditionnels, et particulièrement les journaux, arrivent bons derniers. Depuis l’avènement d’internet, tout le monde a aujourd’hui accès, en temps réel et gratuitement, aux nouvelles des agences de presse. Privilège qui, il n’y a pas si longtemps, était réservé aux seuls journalistes professionnels. Reformater une nouvelle et l’analyser succinctement ne suffit donc plus pour vendre du papier.
Quelles sont les alternatives possibles pour la presse traditionnelle? En s’appuyant sur des exemples récents, cet article du Columbia Journalism Review nous décrit le virage éditorial que des journaux, locaux ou internationaux, ont pris pour continuer à susciter l’intérêt d’un public déjà submergé d’informations. Au lu des succès relatifs de ces organes de presse, il semble que la profondeur d’analyse, les prises de position franches et une charte graphique améliorée sont les nouvelles orientations que les salles de rédaction doivent envisager pour survivre.
Ce site, produit par le Carnegie Endowment for International Peace, couvre les actualités de la région et présente, en ce moment, des sujets comme l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement kazakh et les perspectives d'un changement politique en Ouzbékistan.
La directrice du site et experte en Asie centrale, Martha Brill Olcott signe entre autres l'article "The Roots of Radical Islam in Central Asia" qui explore les actions des communautés régionales islamiques.
(en anglais) Le sucre est une denrée si accessible que nous la prenons pour acquise. Pourtant, ce produit a véritablement façonné l’histoire. Matt Preston a voyagé sur trois continents pour découvrir le passé de cet aliment raffiné et son impact parfois amer. Relisez History News Network (mars 2003).
Ghosts of Spain : Travels Through Spain and Its Secret Past
Journaliste au Britain’s Guardian et correspondant à Madrid et Barcelone depuis 20 ans l’auteur de Ghosts of Spain, Giles Tremlett, raconte de façon captivante les faits marquants de l’histoire espagnole. De la guerre civile au régime de Franco, en passant par les problèmes tortueux de la communauté autonome basque et l’obsession des Catalans envers leur langue et leur culture, on voit l’Espagne sous un tout nouveau jour. Analysant les revenus générés par le tourisme, Tremlett nous révèle les effets que ce secteur de l’économie a sur la société et sa culture. On y découvre une panoplie d’aspects plutôt cocasses… Une visite dans un bordel au sud de Valence, où on retrouve une chambre accessible aux personnes handicapées équipée d’un bar adapté et un tournoi de flamenco à la prison de Grenade en sont quelques exemples!
L’auteur consacre une grande partie de son livre à l’histoire, mélangeant habilement des scènes de la vie moderne avec des moments forts du passé; la rencontre de la nation avec l’Islam, l’anarchie et l’avènement du tourisme de masse. Pour découvrir ou redécouvrir l’Espagne, Ghosts of Spain est un ouvrage à la fois original et instructif permettant de comprendre la culture espagnole d’hier à aujourd’hui.
Compagnon parfait de voyage pour un tour en Espagne, ce livre changera probablement votre itinéraire.
Julie Turgeon et l’Équipe du Kiosque
Ghosts of Spain : Travels Through Spain and Its Secret Past par Giles Tremlett Faber and Faber,2006 436 pages
Look Away: History of the Confederate States of America
Si plusieurs ouvrages ont été écrits sur la Guerre de Sécession, celui-ci s’attarde plutôt sur le climat politique, économique et social qui a mené les États du sud à se regrouper en États confédérés d’Amérique et à vouloir se séparer des États nordistes fidèles à la Constitution. Le sud n’avait pas les mêmes visions en matière d’économie, de démocratie et d’esclavagisme que ses voisins du nord.
Le livre de William C. Davis ne dépeint pas seulement les affrontements et manœuvres politiques de cette période mais présente aussi quelques personnages et événements clés des États confédérés et dresse le portrait de cette société du sud.
Orchestré par Claude Marcil, le Kiosque Média est une revue de presse mise à jour quotidiennement. Il contient également des sites de référence, des critiques de livres et (devant des bêtises flagrantes) quelques éditoriaux de notre cru.